Le fleuve noir. Cette nuit encore, je n’ai pu m’empêcher d’aller rompre sa solitude. Peut-être est-ce la mienne, ou bien celle de toute la condition humaine qui me pousse invariablement vers lui et m’aide de le comprendre. Je crois qu’il m’attendait, revêtu de ses premières brumes automnales, à l’heure où dorment les oiseaux au fond de la vallée. La lumière froide des lunes diaphanes inondait amoureusement la scène, les barque immobiles et silencieuses attendaient leur heure. Ensemble nous nous sommes souvenus…
A jamais, par les souvenirs enchaîné a ce fleuve noir, je dois revenir, inlassablement l’écouter et le comprendre. Il me transporte, je flotte. Les lucioles luisent sur l’eau comme un reflet des étoiles. En dessous se dénouent sans aucun doute, invisibles dans son silence, d’innombrables tragédies dont lui seul connaît les secrets.
C’est un honneur pour moi de voir figurer dans le magazine Slowly , deux de mes photographies en ouverture de la 8e édition du festival « Au Fil de l’Art » proposé par l’association Saint André des Arts. Au fil de l’Art se tiendra les 24 et 25 septembre à saint André de Seignanx.
Je remercie ici Corinne, Présidente de l’association, qui m’a chaleureusement ouvert les portes de ce festival et le magazine Slowly Mag pour la publication de ces deux photographies.
Lors de la première fin du monde, Noé a rassemblé tous les animaux, deux par deux, et les a embarqués sur son canot de sauvetage. Mais il y a un détail marrant : Il a abandonné les plantes et les arbres à la mort. Il a oublié d’emmener la seule créature dont il avait vraiment besoin pour rebâtir la vie sur la terre, et il s’est occupé de sauver les pique assiettes ! […] Le problème, c’est que Noé et son espèce ne savaient pas que les arbres étaient vraiment vivants. Pas d’intention, pas d’étincelle vitale. Comme des cailloux, en plus grands. L’Arbre Monde – Richard Powers (2018)
Les autres œuvres de la série sont ici
En réalisant ce travail, je pensais à L’Arbre-Monde, ouvrage somptueux de Richard Powers (2018).
Au fil d’un récit aux dimensions symphoniques, Richard Powers explore le drame écologique et notre égarement dans le monde virtuel. Son écriture généreuse nous rappelle que, hors la nature, notre culture n’est que » ruine de l’âme « .
« Personne ne voit les arbres. Nous voyons des fruits, nous voyons des noix, nous voyons du bois, nous voyons de l’ombre. Nous voyons des ornements ou les jolies couleurs de l’automne. Des obstacles qui bloquent les routes ou qui obstruent la piste de ski. Des lieux sombres et menaçants qu’il faut défricher. Nous voyons des branches qui risquent de crever notre toit. Nous voyons une poule aux œufs d’or. Mais les arbres… Les arbres sont invisibles. » L’Arbre-Monde – Richard Powers (2018)