La nuit au fin fond de la forêt tropicale humide. Dans une pirogue où le tirant d’eau, ne dépasse pas deux centimètres, le pêcheur en arrive parfois à souhaiter de ne pas capturer de poissons au risque de couler corps et âme sous le poids de sa pêche. Et pourtant il faut ramener de quoi manger et vendre au marché, c’est le sort du pêcheur qui se livre à cette activité de subsistance. Quand les filets seront à bord et chargés d’eau ils seront bien plus lourds. L’ampoule branchée sur la batterie à l’avant éclaire juste assez pour ne pas percuter un tronc d’arbre, ou pour voir les yeux rouge du crocodile qui attend. Il ne faut pas chavirer. Du fond des eaux noires du fleuve il remonte quelques improbables poissons, aux dents et arrêtes redoutables. Il faut écoper, ne pas trop bouger… Ainsi travaillent ces hommes, dans l’expectative de meilleurs lendemains, mais guère optimistes face à l’inexorable pression de la pêche industrielle.