Cette œuvre appartient à une série de photographies intitulée « Atlantic Wall – On Shore ». « Atlantic Wall » est un premier travail sur la mémoire et l’oubli, mais qui alerte également sur la montée des populismes au sein de nos démocraties chèrement gagnées. Le volet « On Shore » propose un regard plus coloré que « In The Mist », sur les vestiges de cette période tourmentée de notre histoire.
Posés sur la dune, dans un parterre chatoyant de « queues de lièvres », gisent éventrés, quelques blocs de béton, affligeantes ruines des derniers bunkers du Mur de l’Atlantique. Sur un fond parme velouté de ciel incertain, émerge un cube central, tel une porte du temps, une cartographie moderne de l’espace. Deux initiales bleues enlacées, aux prises d’un tentaculaire calamar dont l’œil globuleux ne rate rien de la scène. Créature fabuleuse et inquiétante, issue des légendes antiques, il a traversé les siècles, des mappemondes médiévales aux cartes de la Renaissance, d’où il surgit des profondeurs redoutées d’océans lointains et méconnus. Gigantesque monstre abyssal, capable d’engloutir navires et équipages. Un tag inspiré, un avertissement pointant le danger passé de cet espace, l’embouchure de l’Adour, et le péril encouru par tout bâtiment non autorisé qui tenterait de s’y aventurer, dès 1940.
Au plus fort de sa puissance, le Mur de l’Atlantique en Côte Basque compte un total de dix batteries ayant des canons d’un calibre d’au moins 75 millimètres. Sur la rive droite de l’Adour Tarnos devient à plusieurs titres un endroit stratégique pour l’armée allemande, qui veut contrôler l’accès au port de Bayonne.
Le port de Bayonne est important pour l’économie de guerre du IIIème Reich, étant le lieu du débarquement du minerai de fer en provenance de Bilbao. Pour le seul mois de novembre 1941, une centaine de cargos entrent dans l’Adour et débarquent sur les quais, 40 000 tonnes de minerai de fer.